Vassily Kandinsky, ‘Jaune, Rouge, Bleu’

Exposée actuellement au Centre Pompidou, la toile « Jaune Rouge Bleu » de Vassily Kandinsky est l’une des plus connues du peintre abstrait, et l’une des plus représentatives de son travail. Exceptionnellement elle a accepté de quitter son mur d’accrochage pour venir se confier dans le studio de Bav{art]dages.

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LAETITIA – Votre invité ce dimanche…

JULIEN – Un véritable chef-d’oeuvre de l’art moderne, une toile de Vassily Kandinsky qui est exposée en ce moment au Centre Pompidou… Jaune Rouge Bleu… bonjour…

JRB – Bonjour Julien, bonjour Laetitia.

JULIEN – Alors Jaune Rouge Bleu, vous êtes beau, vous êtes grand, vous êtes en quelque sorte un modèle de perfection de l’art moderne, vos formes et vos courbes sont… (soupir)…

LAETITIA – Julien, vous avez une question peut-être ?

JULIEN – Oui pardon. Qu’est-ce qui fait de vous un chef d’oeuvre ?

JRB – Je vais vous donner mon sentiment, il n’engage que moi, pas Vassily… Si je me distingue de toutes les autres oeuvres de l’époque, c’est que je porte l’équilibre entre les deux pôles de l’art abstrait.

JULIEN – Ces deux pôles qui sont… ?

JRB – L’abstraction lyrique et l’abstraction géométrique. Dans l’abstraction géométrique, la base c’est la ligne. Tout y est défini par des règles strictes, des théories mathématiques. Et à l’opposé, il y a l’abstraction lyrique, où c’est le geste, l’émotion qui guident le mouvement. Elle est là la différence. La géométrie est plus froide, l’abstraction plus chaude.

JULIEN – Mais comment arrivez-vous à être ces deux extrêmes à la fois ?

JRB – C’est simple. Regardez, là, ma partie gauche, elle est géométrique. On y voit des lignes droites, fines, des carrés, des rectagles. C’est clair, c’est ensoleillé. Et à droite, en face, c’est la ligne courbe, le geste manuel, sur des couleurs plus sombres, plus froides. Et au milieu, le rouge. Je suis une sorte de pivot entre ces deux phases. Et cela correspond bien à cette période de la vie de Vassily.

JULIEN – Mais attendez… Vous avez été peint en 1925, c’est ça…  (rép. “oui”)… Mais l’abstraction lyrique, elle n’a été définie qu’à la fin des années 40 non ?

JRB – Mais Vassily était un pionnier. 1925, c’est l’année où il a quitté l’école d’art et d’architecture du Bauhaus, où il enseignait… enfin, c’est l’école qui est partie. Elle a quitté la ville de Weimar où vivait Vassily. Et du coup lui qui en avait adopté les codes très géométriques, il a recommencé à intégrer des éléments plus aériens, plus émotifs, dans ses compositions. C’étaient déjà les prémices de l’abstraction lyrique !

LAETITIA – Puisque vous parlez d’émotion… Il y a un côté très musical dans les oeuvres de Kandinsky, et ça vous ne nous en avez pas encore parlé.

JULIEN – Kandinsky avait un rapport très proche avec la musique ?

JRB – Attention quand même. On a souvent dit que Kandinsky peignait la musique. Ce n’est pas du tout ça. Ce qu’a dit Vassily, c’est que la peinture était un langage tout comme la musique. En musique, il y a des notes, des rythmes, des tonalités, et en combinant tout ça, on arrive à faire ressentir des émotions. Eh bien en peinture, c’est pareil. Il y a des formes, des couleurs, des dispositions, qui selon la composition que l’on choisit vont susciter telle ou telle sensation.

JULIEN – Jaune-Rouge-Bleu, vous êtes un tableau abstrait, mais est-ce que vous avez une histoire ?

JRB – Je suis l’histoire de la rencontre du soleil et de la lune. Comme dans la chanson de Charles Trenet… (il chantonne “Le soleil a rendez-vous avec la Lune”)  Le crépuscule, en somme ! Jaune, rouge, bleu. La lumière, le crépuscule, la nuit. Dans ma partie jaune.. C’est la lumière du soleil qui se diffuse.

LAETITIA –  Et de l’autre côté, c’est la nuit ?

RJB – Oui. Ce grand cercle bleu, c’est la Lune ! Et au milieu le moment où les deux se rencontrent, c’est-à-dire le crépuscule ou l’aube… qui sont rouges. C’est la naissance d’une couleur.

JULIEN – Et est-ce que tout ça… le Soleil… la Lune… la vie, la mort… finit par vous… apporter… l’énergie…

JRB – Euh… Oui, peut-être, je… Je n’ai pas compris votre question en fait.

LAETITIA – Ce que veut dire Julien, je crois, c’est que durant votre carrière de chef-d’oeuvre vous… non je n’ai pas compris non plus en fait. Julien ?

JULIEN – (soupir) Vous êtes heureux, Jaune Rouge Bleu ?

JRB – Euh, oui, il me semble, si tant est qu’une toile puisse saisir ce que c’est que d’être heureux, hein, vous savez, je passe ma vie accroché à un mur à me faire ausculter par les visiteurs des musées…

JULIEN – Eh bien, merci Jaune Rouge Bleu de Vassily Kandinsky, les visiteurs peuvent vous découvrir et vous admirer au Centre Pompidou toute l’année…

>> Découvrez aussi l’épisode consacré à ‘Jaune Rouge Bleu’ dans le feuilleton initial Bav{art]dages

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