Saison 3, épisode 6
« Je viendrai avant le vernissage, Constantine. J’aimerais mieux que éviter de croiser encore trop de monde dans une expo. Si on peut éviter une nouvelle catastrophe…
– Mais ça ne risque rien je te dis ! Tu as bien vu la dernière fois, tout s’est bien passé !
– Mais la dernière fois, on n’était que deux dans la galerie.
– Tu fais comme tu veux. Du moment que tu viens voir l’expo sur laquelle je bosse depuis trois mois. »
Je raccroche le téléphone et prends ma veste pour rejoindre Constantine, qui est en train d’apporter les dernières touches à la préparation du vernissage.
« J’y vais mec ! dis-je au tableau de Braque qui me sert de colocataire.
– Et la carte postale que tu as reçue tout à l’heure alors, elle disait quoi ?
– Oh. Tu fais bien de me poser la question, je n’y pensais plus. Où l’ai-je mise ?
– Là, à côté du lavabo », me répond la petite reproduction.
Je jette un œil à la carte postale, qui représente une série de cabines de toilettes turques, visiblement achetée à Istambul. Au verso, il y a mon adresse, et un petit message – rédigé la machine à écrire :
"Cher toi, Devant ton caractère buté borné, je me suis décidé à prendre quelque congé. Ça te fera du bien. En attendant je vais m'occuper d'un autre cas. Préviens-moi quand tu auras fini ton caprice nerveux et que tu accepteras à nouveau de te frotter à l'art. Artistiquement, Fontaine"
« Cette vieille peau d’urinoir va enfin me foutre la paix, dis-je aux Oiseaux de Braque après avoir fait lecture de la carte à voix haute.
– Ne parle pas trop vite, me répond le petit tableau. Il aura vite fait de revenir s’il sent qu’il peu venir foutre le souk.
– Mais pour mon vernissage, là, je suis tranquille.
– Là, oui. Mais reste discret. Tu fais bien d’y aller un peu plus tôt. »
« Miroir, ô mon miroir » indique le panneau à l’entrée du Pavillon Carré de Baudouin, dans le 20e, où m’attend Constantine.
« Salut vieille, alors, prête ? demande-je à mon hôte, qui a à la main une liste de consignes à vérifier.
– Moi oui ! Et toi ?
– Moi ? Prêt pour quoi ? demande-je, interloqué.
– Pour la… La visite, me répond-elle l’air narquois.
– Euh, oui, ben oui. On y va ?
– Vas-y !
– Et toi ?
– Non, pas moi. Il faut que tu y ailles seul.
– Mais ? Tu sais que je ne peux plus, je…
– Si tu veux vivre l’exposition comme il faut, crois-moi, vas-y seul.
– Et comment vais-je savoir à quoi, à qui j’ai affaire ?
– Tu parles aux œuvres, non ?
– Tu as raison, soupire-je en baissant la tête. Je vais prendre sur moi.
– Simplement, entre dans l’exposition en pensant très fort « il était une fois », juste ça.
– Il était une fois ? Mais pourquoi ?
– Ne demande pas pourquoi, me répond mystérieusement Constantine. Vas-y, c’est tout. Ça commence en haut. »
Devant son air presque menaçant, je traverse la première salle sans trop faire attention à ce qui s’y trouve, et fonce vers l’escalier. « Il était une fois », murmure-je plusieurs fois en montant les marches. À mesure que je rejoins le premier étage, la lumière s’assombrit, faisant disparaître les murs dans une pénombre certaine, puis la rampe, et même les marches. Je ne marche plus que dans un espace vague, comme si j’étais en pleine nuit.
« HALTE LÀ ! Qui va là ? me demande une voix de femme autoritaire.
– C’est… Ça n’est que moi, je suis un visiteur de l’expo.
– Quelle expo ? C’est quoi une expo ?
– Ben, celle où nous sommes en ce… »
Je m’interromps d’un coup. Je ne suis plus dans l’expo, je suis ailleurs. Dans un espace pas très bien défini. Devant moi se dresse une gigantesque forêt d’arbres entremêlés.
« Je ne comprends pas ce que tu me dis, manant, me siffle l’œuvre. Sois plus clair : qui es-tu et que veux tu ?
– Je suis simplement ici pour me promener, j’aimerais continuer mon chemin.
– Ce n’est pas si simple, me rétorque la forêt qui se dresse devant moi. Sais-tu où tu es ?
– Ben… Pas vraiment.
– Tu es à la lisière de la forêt. Et pas de n’importe quelle forêt. Je suis la forêt du conte de fées.
– Ah ? De quel conte ?
– Tous ! Tu n’as jamais remarqué comme la forêt était importante dans les contes ? C’est presque toujours là que commence l’aventure. Dans Blanche-Neige, Le Petit Poucet, dans Raiponce, dans le Petit Chaperon rouge, c’est toujours dans la forêt qu’arrivent les premiers grands rebondissements. Je suis capitale dans le conte, alors j’ai le droit de choisir qui peut entrer ou non.
– Mais on n’est pas dans un conte ! On est dans un…
– Laisse-le passer, lui lance, au loin, une autre voix de femme. Il ne fera pas de dégâts ici, ce n’est pas l’un des nôtres.
– Pourquoi te croirais-je ? rétorque la forêt.
– Parce que je suis la Lune, pas moins.
– Avance, dit à mon adresse la forêt. Mais prends garde. La forêt, c’est aussi l’endroit où l’on se perd, et où l’on meurt de peur.
– N’aie pas peur, me dit l’autre voix. Elle ne s’en rend pas compte, mais c’est juste une forêt en carton.
– C’est vrai ? demande-je, en inspectant la lisière de la forêt pour bel et bien constater qu’il s’agit d’une sculpture en cartons fins, collés les uns contre les autres.
– Oui, c’est La Forêt d’Eva Jospin. Mais elle ne sait pas que c’est une œuvre d’art, ça arrive à quelques-uns d’entre nous.
– Comme Buzz l’Eclair dans Toy Story ?
– Voilà. Elle se prend pour une vraie forêt.
– Faut dire qu’on y croirait. C’est quand même super réaliste…
– C’est souvent le cas des œuvres d’Eva Jospin. Ses forêts ont l’air très solides, tout en bois, à première vue, et pourtant c’est un fragile carton. Et tu n’es pas au bout de tes surprises ici…
– Et toi ? Qui es-tu ?
– Eh bien, approche. »
Dans la pénombre qui m’a arraché de la salle d’exposition pour m’emmener dans une sorte de forêt onirique, je m’avance encore un peu. Juchée à hauteur d’enfant, il y a la lune, une lune blanche, brillante, composée d’un long tube de néon. Mais cette lune, filiforme et poétique, est en cage. Littéralement. Elle est enfermée dans une toute petite cage à oiseaux noire.
« Bonjour ! Contente de te voir… me dit la lune.
– Mais que faites-vous en cage ? Et je suis où là exactement ?!
– Tu n’as pas bougé du Pavillon Carré de Baudouin, mon jeune ami ! C’est simplement que la magie du conte de fées a opéré sur toi. Tu as l’impression d’être dans une vraie forêt sombre, c’est un peu ça ?
– C’est EXACTEMENT ça.
– Tu es un bon client pour les expositions, tu te laisses facilement prendre au jeu !
– Oh ça oui, je sais…
– Quant à moi, si je suis enfermée en cage, c’est un choix de l’artiste qui m’a créée. Je m’appelle Captivité, je suis une œuvre de Laurent Pernot. Je suis le résultat de ce qu’il se passerait si quelqu’un arrivait vraiment à « décrocher la lune », comme dit l’expression.
– Mais, c’est cruel !
– Oui. On ne peut pas vraiment mettre la lune en cage, l’image que je donne est à la fois surréaliste et donc très poétique…
– Ça c’est vrai, je pourrais te regarder des heures, c’est apaisant cette lumière.
– Comme un vrai clair de lune. Et donc, à la fois, très inquiétant. Mais d’un autre côté, les contes sont souvent très cruels ! Souviens-toi l’ogre du Petit Poucet, c’était quand même un mangeur d’enfants ! D’ailleurs, il existe un conte chinois dans lequel les protagonistes veulent mettre la lune en cage, ça s’appelle « Les singes qui veulent attraper la Lune ». Et puis il y a un conte des frères Grimm, « La lune », où je suis volée et transformée en lanterne. Dans cette oeuvre, je suis tout ça à la fois.
– C’est vrai que c’est assez triste, au fond, de voir la lune comme ça, enfermée, seule. J’ai de la peine pour toi.
– Tu as raison. Car je suis à la fois le symbole du rêve, de l’imagination et de la contemplation, tout ça mis en cage. Mais ne t’en fais pas pour moi hein. En revanche prends garde à toi, les œuvres de cette expo sont comme les forêts des contes, elles peuvent être hostiles et….
– Ouh ouh ! Viens, noble visiteur ! crient des voix du fond de la salle d’exposition.
– Voilà, exactement ce que je te disais, reprend la lune en cage. Ne te fie pas à eux, là-bas au fond. Ils vont tenter de te perdre.
– Ouh ouh !
– Mais taisez-vous ! leur lance Captivité. Vous n’en avez pas assez de hanter cette exposition ?
– Nous avons été créés pour ça, ouh ouh ! Si cette salle d’exposition était une forêt, nous en serions les fantômes ! Nous sommes les Trognes, de Chloé Poizat.
– Oui, des arbres en somme, réponds-je, ne distinguant pas vraiment leurs contours, au loin.
– Ca, c’est ce que tu crois ! Approche un peu pour voir… »
Je fais quelques pas en avant, en veillant bien à ne pas perdre de vue la lune enfermée, la plus forte source de lumière du lieu, en avançant à travers la brume qui a envahi l’exposition et mon esprit.
« Sprotch ! Sprotch ! EH ! fait tout à coup une voix en-dessous de moi.
– Quoi ? Oh pardon ! m’exclame-je en me rendant compte que j’ai marché sur quelque chose. Tu es une oeuvre ?
– Oui, me répondent en cœur deux plaques au sol. Celle qui est sous moi a l’air de se dérober sous le poids de mon corps.
– Oh là là, désolé vraiment ! Je suis confus, je… S’il faut réparer… vous pouvez…
– Sprotch, eh ! pas de souci ! Je suis fait pour ça ! Je suis une oeuvre praticable. Magma I, et voici Magma II, mon comparse, mon compagnon de voyage.
– Euh, enchanté. De voyage ?
– Oui, nous représentons les continents, la tectonique des plaques. C’est pour ça que tu peux nous marcher dessus et que nous sommes mouvants. Sprotch, sprotch !
– Les continents ? Mais vous n’êtes que deux !
– Ici oui. Mais en tout, nous faisons partie d’une série de cinq. Nous sommes des œuvres de Charlotte Charbonnel.
– Mais qu’est-ce que vous faites là ?
– Ce sont des…
– Nous sommes des portes magiques, rétorquent les deux dalles, interrompant la Lune qui avait entrepris de me répondre.
– Des portes magiques ? Mais vers quoi ?
– Vers l’intérieur de la terre. Vers ce qu’il y a sous chaque continent. Le fameux magma en fusion, celui qui coule à des kilomètres sous terre, nous te permettons de le sentir juste là, sous tes pieds .
– Ce ne sont que des obstacles de plus sur ton chemin, reprend la Lune enfermée dans l’oeuvre Captivité. Tu vois, cette grande salle, c’est comme une forêt magique où les obstacles ne seraient pas des ennemis mais des objets enchantés, plutôt hostiles…
– J’avais bien compris, merci, dis-je en même temps que je marche prudemment sur les deux Magmas, pour ne pas les écraser ni me fracasser la figure au sol. Et il y en a beaucoup des obstacles comme ça ?
– Nous sommes des oeuvres d’art avant tout, pas des obstacles, voyons ! me rétorque, agacé, l’un des deux Magmas que je viens de piétiner.
– Nous ne sommes des obstacles que dans le contexte de cette exposition-ci, avec cette scénographie, cette façon d’avoir disposé les oeuvres, poursuit le deuxième Magma.
– Mais nous avons aussi tous une existence propre.
– Ils ont raison, pour une fois, ajoute Captivité. Tu vois les Trognes là-bas au fond ?
– Ouh ! Ouh ! répondent en choeur les voix du fond.
– Pas vraiment, réponds-je. Avec toute cette brume…
– Eh bien tu vois, ils ne sont ton objectif qu’ici, dans cette configuration. Ici, chaque oeuvre d’art prend deux significations, elle est à la fois elle-même et la partie d’un tout.
– D’accord, d’accord. Mais donc, est-ce qu’il y a encore beaucoup d’oeuvres d’art que je dois affront… euh, ME FARCIR, avant d’arriver au bout ?
– Oui, répond une toute petite voix à ma gauche. En tout cas, il y a moi. »
Une nouvelle fois, je me retourne dans la direction d’où vient la voix pour tenter de voir de quelle oeuvre elle vient. Mais dans cette direction-là, je ne vois que moi-même. Ou plutôt… mon reflet. Dans un miroir. Un petit miroir rectangulaire, au cadre doré, accroché au mur. Comme dans le reste de la pièce – de la forêt ? – une épaisse brume m’entoure, si bien que je dois m’approcher du miroir. Encore un peu. Un peu plus….
« HIHIHIHIHIHI ! me lance l’objet à la figure en se détournant, tout seul, comme par magie, de moi.
– Mais ! Eh ! Attends !
– Non ! Je suis en grève, me répond le miroir de sa petite voix, alors qu’il se détourne à nouveau de mon regard, qui l’avait suivi dans la nouvelle direction.
– En grève ? Depuis quand les miroirs se mettent en grève ?
– Depuis qu’on en a ras-le-bol qu’on nous demande « Miroir, ô mon miroir, qui est la plus belle ?« . Ca suffit ! Dans tous les contes où il y a un miroir, TOUS, nous sommes cantonnés à cette fonction de réflecteurs.
– C’est un peu à cela que vous servez, en même temps.
– Oui mais justement ! Pourquoi nous cantonner aussi dans les contes à cette fonction ?! Certes, on peut parler, pour dire à la Reine de Blanche-Neige que non, c’est pas elle la plus belle. Mais nous ne sommes qu’esclaves dans les contes. Alors je dis NON. Marre de réfléchir. Je suis un Miroir fuyant, désormais. Libre et indépendant.
– Et comment c’est possible, ça ?
– Ah, ça c’est une autre histoire. En vrai je suis pas un miroir magique, je suis une oeuvre, me dit le miroir en tournant la tête une troisième fois.
– Je m’en doutais, tiens, dis-je dans un rictus.
– Oh ça va hein. Je suis une installation de Thomas Cimolaï, faite pour pivoter dès qu’un visiteur s’en approche. C’est pas compliqué, c’est l’action coordonnée d’un mini détecteur de présence ET d’un petit moteur.
– Ce qui en fait un obstacle de plus sur ton chemin, ajoute, au loin, la Forêt d’Eva Jospin, en criant.
– Mais n’en tiens pas compte, viens, viens nous voir, ouh ouh ! poursuivent les Trognes que je n’ai pas encore vues.
– Avance, me souffle la Lune en Captivité, sans quoi elles vont être de plus en plus désagréables. Il ne faudrait pas que tu les énerves.
– Et mon reflet ? Je veux voir mon reflet !
– Ca ne sert à rien, me rétorque le miroir. Je suis programmé pour que tu ne puisses jamais te voir. Ca va t’obliger à chercher qui tu es. Et ça aussi, c’est un truc de conte de fées. Chercher son identité. »
Alors, je reprends mon chemin. A pas feutrés, je poursuis ma route à travers la brume de la salle d’exposition – suis-je le seul à la voir ? Est-ce une hallucination, ou suis-je bien passé dans une autre dimension ? Je manque de heurter un objet, et me rends compte en m’accroupissant qu’ils s’agit d’un bébé endormi. D’un GIGANTESQUE bébé endormi. « Fais attention, ne le réveille pas, me prévient la Lune ; on ne l’a jamais vu éveillé, si ça se trouve c’est le petit d’un ogre ! », alors que je lis au mur tout proche qu’il s’agit d’une sculpture, Tsukiko – Les Yeux fermés, de Virginie Barré.
« Ouh ! Te voici enfin ! » me font les fameuses Trognes à travers une couche de brume de plus en plus fine

Sitôt aperçus, mon sang ne fait qu’un tour. Je me paralyse devant la vision d’horreur de ces trois troncs d’arbres, dont les trous évoquent des yeux, des bouches, bref, des monstres. Je me remémore mes frayeurs d’enfant, quand Blanche-Neige, après avoir fui le chateau, se perdait en forêt.
« Alors, tu flippes maintenant ? me font les Trognes, qui n’ont plus du tout une petite voix amusante.
– Oui. Je suis terrifié, dis-je, incapable de bouger.
– C’est ce qu’il arrive aux petits malins comme toi qui veulent trop s’enfoncer dans la forêt, ou dans le monde des oeuvres d’art. Tu es arrivé au point où l’animal, l’humain et le végétal ne font plus qu’un. Où les objets sont vivants. Tu es aux confins du conte. La forêt de Jospin, à la lisière, t’avait prévenu, elle était une barrière protectrice. Nous, dessin de Chloé Poizat, nous sommes à deux doigts de faire pousser nos branches pour venir t’entraîner plus encore au fond de la forêt.
– NON. Pas ça !
– Ne te laisse pas impressionner, me lance au loin la Lune, que j’entends à peine.
– Je ne peux pas, je ne veux pas. J’ai trop peur, lui réponds-je. Je veux partir.
– Tu ne peux pas, rétorquent les arbres aux formes horrifiques. Tu t’es trop laissé prendre par les oeuvres qui t’entourent, tu t’en enfoncé dans le sous-bois de l’art contemporain, tu n’en sortiras pas seul !
– Comment ça ? réponds-je, pris d’un accès de fureur. Je suis encore maître de mon corps ! »
Et, tournant les talons, je commence à courir pour fuir. Derrière moi, fixé à un mur que je n’avais pas vu, un enfant, les yeux cachés par les mains, me fait face. Je me fixe un instant face à lui, ai le temps de constater que l’oeuvre, de Clément Cogitore, s’appelle Portrait #1, avant que deux faisceaux lumineux rouges s’échappent des yeux qu’il cache. Une nouvelle fois, je tressaille de frayeur.
Là, une porte, à gauche. Vite, courir. Fuir. Retrouver Constantine. La féliciter pour cette expo si prenante, et partir. L’escalier. En descendant, je croise une fillette à la robe bleue en train de balayer le sol – c’est Cendrillon. Ca ne me surprend même pas. Là, la porte du bas des escaliers.
Et me revoilà dans la même salle. Comment est-ce possible ? Je refais le même chemin, reprends les escaliers, mais me retrouve encore et toujours dans la même salle. « Sortez-moi de là, au secours ! » hurle-je alors que la lumière autour de moi se fait de plus en plus sombre.
« Tu as besoin d’aide, vraiment ? me fait une voix aérienne.
– Oui, s’il vous plaît !
– Tu es prêt à quoi ?
– A tout ! A tout !
– Alors c’est parti, je te sors d’ici. Ca t’apprendra à te laisser trop envahir par l’atmosphère d’une expo – c’est vrai que c’est réussi, ici, me fait la voix, que je commence à identifier. Et puis direction un musée.
– Oh non, pas toi !
– Eh si. On finit toujours par avoir besoin de moi », me lance l’urinoir – Fontaine – de Duchamp, alors que je me retrouve à l’entrée du pavillon comme par magie.