Le Mont Rushmore

C’est l’un des monuments les plus emblématiques des Etats-Unis. Mais connaissez-vous vraiment son histoire ? Nous sommes partis à sa rencontre ce dimanche pour entendre ses petits secrets. 

HÉLÈNE : C’est l’heure de rejoindre Julien Baldacchino dans un coin du monde pour un nouveau Bavartdages, une conversation avec une oeuvre d’art… Bonjour Julien !

JULIEN, la voix essoufflée : Bonjour Hélène, bonjour à tous !

HÉLÈNE : Oulà, il y a du vent autour de vous ! Où est-ce que vous êtes cette fois-ci ?

JULIEN : Eh bien je suis en plein coeur des Etats-Unis, dans l’Etat du Dakota du Sud, au mémorial national du Mont Rushmore, ce fameux monument qui représente les visages de quatre grands présidents américains gravés dans la roche. (Avec un écho) BONJOUR LE MONT !

LE MONT RUSHMORE, quatre voix différentes pour faire les quatre visages : BONJOUR !

JULIEN : Alors pour commencer, qui est qui parmi vous ?

JEFFERSON : De gauche à droite ?

ROOSEVELT : Ou de droite à gauche ?

JULIEN : Bah euh comme vous voulez euh… de gauche à droite tiens.

WASHINGTON : George Washington…

JEFFERSON : Thomas Jefferson…

ROOSEVELT : Theodore Roosevelt

LINCOLN : et Abraham Lincoln, le grand Lincoln !

WASHINGTON : Oh ça va hein.

JULIEN : Alors si je suis venu vous interviewer ce dimanche, c’est bien entendu pour vous inviter à réagir à cette information qu’on vient d’apprendre, Donald Trump sera votre 5e visage…

TOUS : QUOI ??

JULIEN : Ha ha ha ! J’étais sûr que vous tomberiez dans le panneau…

HÉLÈNE : Bon Julien on peut passer à des vraies questions ?*

JULIEN : Oh oui pardon ça va…

WASHINGTON : Non mais nous y avons cru parce qu’on nous a déjà fait le coup !

JEFFERSON : A plusieurs reprises même !

ROOSEVELT : Kennedy a failli nous rejoindre

WASHINGTON : Ronald Reagan aussi…

LINCOLN : Et même Susan Anthony, une militante qui a fait beaucoup pour les droits des femmes…

ROOSEVELT : Surtout pour leur droit de vote.

JEFFERSON : En 1937, le Congrès a reçu une demande très officielle pour que son visage soit rajouté à nos côtés.

ROOSEVELT : En vain.

JULIEN : Alors, le monde entier connaît vos quatre visages, mais en réalité assez peu de monde connaît votre histoire…

LINCOLN : Vous avez raison, notre histoire est méconnue. Je suis sûr que vous ne connaissez même pas le nom de l’artiste qui nous a sculpté.

JULIEN : Avant de préparer cette interview non, vous avez raison.

HÉLÈNE : Moi pas, éclairez-nous !

JEFFERSON : Il s’appelait Gutzon Borglum.

WASHINGTON : A tes souhaits. (Rires gras)

JEFFERSON : Oh là là, ça suffit George ! Désolé, Washington est plutôt lourd.

WASHINGTON : Normal, je suis tout de granite ! (Il entraîne les autres dans ses rires)

JEFFERSON : CA SUFFIT ! Calm down guys ! Je disais. Gutzon Borglum. Vous le connaissez mal chez vous en France, mais c’est un des plus grands sculpteurs américains du XXe siècle.

JULIEN : C’était un proche d’Auguste Rodin lorsqu’il a séjourné à Paris

LINCOLN : Oui… et c’est surtout le premier artiste à être entré de son vivant dans les collections du Metropolitan Museum, à New-York.

ROOSEVELT : Ah ça c’était un artiste américain pur jus !

LINCOLN : Il était à la recherche d’un « Art américain », qui illustre les valeurs et la grandeur de l’Amérique…

JULIEN : Oui enfin tout de même, c’était une des grandes figures du Ku Kux Klan de l’époque. C’est une personnalité pour le moins controversée…

WASHINGTON : Si c’était la seule controverse qu’on ait dû affronter…

HÉLÈNE : Il y en a eu d’autres ?

WASHINGTON : Oh que oui. Mais vous touchez là de trop cuisantes plaies…

JULIEN : Vous voulez parler de la controverse avec les amérindiens.

JEFFERSON : Ne le dites pas trop fort, vous allez le réveiller !

JULIEN : Qui ?

TOUS : Crazy Horse !

LINCOLN : Le chef indien ! Enfin, le mémorial qui lui est consacré !

CRAZY HORSE : GRAND CHEF VOUS GARDE A L’OEIL.

JULIEN : C’est quoi ça ?

ROOSEVELT : Un mémorial qui est en train d’être construit en hommage aux amérindiens, quand il sera terminé ce sera la plus grande sculpture du monde.

JULIEN : Mais que fait-il là ?

CRAZY HORSE : RACONTEZ-LEUR, ILS DOIVENT SAVOIR.

LINCOLN, soupire : Très bien, grand chef. Il se trouve que nous sommes à l’origine des collines sacrées pour les indiens Lakotas. En 1868 l’Etat américain avait laissé le lieu aux indiens… Mais même pas dix ans plus tard les Etats-Unis ont récupéré la colline. Alors quand il s’est agi de construire ici un mémorial comme moi, c’est passé pour une volonté de marquer une suprématie.

CRAZY HORSE : CA L’ÉTAIT.

WASHINGTON : Oh mais non, ça suffit avec ça ! On est juste un lieu touristique ! Et puis shit, notre directeur est un amérindien.

JULIEN : Messieurs, vous pouvez reprendre votre histoire ? On peut revenir en arrière un instant ?

WASHINGTON : Vas-y Thomas, continue, I can’t do it anymore.

JEFFERSON : Les travaux ont commencé le 4 octobre 1927… C’est George qui a été terminé le premier.

WASHINGTON : Yes sir, en 1934. Et toi Thomas tu as été le suivant, en 1936.

JEFFERSON : Oui mais ça n’a pas été chose facile. Gutzon a dû s’y reprendre à deux fois pour me sculpter… La roche n’était pas assez bonne. Alors il a tout effacé et il m’a recommencé de l’autre côté.

JULIEN : Mais comment on efface une sculpture ?

JEFFERSON : On la fait sauter. A l’explosif.

JULIEN : (Un temps, gêné) Donc Washington puis Jefferson…

WASHINGTON : Et puis Abraham en 1937 et Theodore en 1939.

JULIEN : Et après ?

WASHINGTON : Théodore ?

ROOSEVELT : C’est vraiment à moi de raconter ça ?

JEFFERSON : Oui Théo. Sois fort.

ROOSEVELT : Gutzon est mort. D’une embolie. Et c’est son fils Abraham qui a repris le projet.

HÉLÈNE : Il a appelé son fils Abraham ? Comme Lincoln ?

LINCOLN : Yes ma’am, comme moi. C’est vous dire si nous sommes l’oeuvre de sa vie.

JULIEN : Et Abraham Borglum, donc, il a fini les travaux ?

LINCOLN : Pas vraiment. Il n’y avait plus d’argent pour finir. A la base, nous devions être tous munis de nos bustes.

JULIEN : Vous voulez dire que vous êtes une oeuvre inachevée ?

JEFFERSON : Oui. C’est dur de vivre amputé de la sorte. Parfois on se console en regardant notre maquette, qui est exposée dans le musée dédié à Gutzon, juste à côté d’ici.

JULIEN : Je suis… désolé, je ne pensais pas que c’était un souvenir douloureux. Je crois que nous allons nous arrêter là… merci à vous le mont Rushmore et ses quatre visages…

HÉLÈNE : Et merci Julien, à la semaine prochaine !

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